Ecole
Brève histoire de l’école de Sainte-Barbe : des origines à la fermeture
De l’école du village à l’école des villages
La loi Jules Ferry du 28 mars 1882, avait sécularisé et laïcisé l’instruction scolaire jusqu’à 13 ans. Les précédentes lois de 1833 obligeant les communes à entretenir leur école, celle de 1878 dégageant des subventions pour construire une école dont l’installation matérielle revenait à la commune, sont toujours en vigueur, avec, il est vrai, un certain succès puisque, à l’échelon national, de 5.667 communes sans école en 1837, on est passé à 312, en 1877, mais l’église continue à avoir la haute main sur l’institution.
Avec ses 736 habitants, Sainte-Barbe disposait d’une école bien avant 1837, une école de filles et une école de garçons, mais l’école de filles, tenue par des religieuses, était particulièrement délabrée et, en 1839, le maire de l’époque, L. Demange, adresse une demande de subventions à la préfecture. L’opposition entre cléricaux partisans d’une école religieuse, non mixte, et les laïcistes, militants pour une école laïque mixte fait rage. Victoire des laïcistes ou difficultés budgétaires ? La mixité s’installe à l’école de Sainte-Barbe dès 1924, date de la loi initiée par Léon Bérard en faveur des classes mixtes. L’école se fait dans le bâtiment communal, aujourd’hui la mairie.
Mais trêve de querelles. Concentrons nous sur les vicissitudes de l’école républicaine dans la commune de Sainte-Barbe.
Nous sommes en 1921. La population a sensiblement baissé : le village ne compte plus que 421 habitants. Les enfants sont néanmoins à l’étroit dans les deux classes de la maison communale, (aujourd’hui la mairie). C’est alors qu’une vieille masure, située à la Corne, alias la Roue, avec un jardin attenant, est à vendre. Henri Bayard l’achète. Il est tailleur de pierres, son frère, maçon. Ils démontent la ruine et envisagent de reconstruire une maison. Monsieur Euriat, l’instituteur de l’époque, conseille au Maire de leur proposer un rachat pour y faire une école. Fervent défenseur de l’éducation, Henri Bayard fait don des locaux à la commune.
Un bâtiment est édifié à la hâte. Il devient l’école des petits, surnommée la petite école. Il n’y a ni eau, ni électricité, ni cour ; la tinette, qui fait office de lieu d’aisance, est vite condamnée : une fillette est tombée dedans. Provisoirement les élèves pris de besoin doivent retourner chez eux. La rue sert de cour de récréation. Henri Bayard offre alors le jardin pour servir de cour. Des cabinets turcs sont installés, alimentés par des seaux d’eau remplis en contrebas à la fontaine, qui coule depuis 1907.
Arrive 1927 et l’eau courante. Le couple Euriat, qui a choisi la formule « L’Hygiène par l’exemple » obtient l’installation de douches et de lavabos. L’école est décorée au pochoir ; le jeudi (jour de relâche à l’époque), le parquet est passé à l’huile de lin, puis ciré, par les élèves eux-mêmes, avec la collaboration active de Mme Euriat. On ne salit pas un si beau sol : on laisse dorénavant ses sabots à l’entrée pour chausser les pantoufles dûment rangées dans des casiers le long du couloir. Le chauffage se fait au bois, rangé au grenier par les enfants, descendu par les mêmes bras selon les besoins. Le lundi matin, une équipe de deux ou trois emmènent les cendres dans le jardinet donnant sur la fontaine. Pour l’éclairage, on recourt à des lampes à acétylène.
Le dévouement des instituteurs animait le village : théâtre ou films muets.
Le couple Euriat quittant Sainte-Barbe pour Saint-Maurice sur Moselle en 1929, est remplacé par le couple Ferry, qui continue son œuvre et sa lutte contre les opposants à l’école mixte, comme en témoigne une lettre de janvier 1934 au Préfet.
Mais le village ne cesse de se dépeupler. En 1975, il ne reste que 292 habitants si bien que le Conseil Municipal donne son accord pour regrouper les deux écoles en une seule, mixte. La petite école désertée est donnée en location en 1982. La grande école ferme, elle, en 1987.
L’histoire garde le souvenir d’une scolarisation solide qui a vaincu l’ignorance et ouvert l’avenir à nombre des enfants du village.
Depuis, la faim de savoir semble s’être refroidie. Plus avides d’action que de réflexion, les nouvelles générations se désintoxiquent des leçons d’orthographe et d’histoire en organisant la décompression dans le car scolaire où ils passent 2 heures par jour. Autre temps, autre école.
Nicole et Jean-Marc Fick
RPI
Anglemont - Bazien - Ménil sur Belvitte - Nossoncourt - Sainte-Barbe